

On doit aux Arabes le perfectionnement de la pêche au thon. Leur influence est encore présente aujourd’hui dans la consonance de certains mots propres à la mattanza, comme le raïs, mais aussi dans les “ cialome ”, chants siciliens où les pêcheurs invoquent Allah.
C'est sur les côtes de Trapani que les thonaires, dites « à tonnara », attendent l'arrivée des grands thons qui ont frayé dans les eaux chaudes des îles Egadi. Les lignes de migrations sont constantes et les thonaires sont bâties sur un point de la côte où ces lignes sont très proches du rivage, quelques centaines de mètres.

C'est à Favignana, île la plus grand parmis l'archipel des Egades, où il se

La pêche au thon se fait-elle, de temps immémorial, à la ligne.
Des filets solidement ancrés où des lignes de pieux sont établis perpendiculairement au rivage. Les bancs de thons arrivés sur l'obstacle, le longent et trouvent, à l'extrémité située vers le large, un passage à chicanes qui les conduit vers un dispositif en forme de nasse qu'on appelle « la chambre de mort », où ils restent enfermés.
Quand tout est prêt, le “raïs”, maître d’œuvre de la mattanza, décide du moment opportun pour submerger le dispositif. Lui seul,à bord de la "Muciara", dirige toutes les opérations. Cet homme respecté de tous, a été choisi par les autres pêcheurs pour son expérience et son intelligence. Il exerce une fonction

Autrefois, tous ces travaux étaient accompagnés de chants et de prières.
Chacune d’elles correspondaient précisément à une action. Cela permettait aux pêcheurs de travailler en rythme, et de se concentrer afin d’éviter les erreurs. C’était aussi l’occasion pour le raïs, surtout lorsqu’il s’éloignait, de suivre l’évolution du travail des hommes, car les paroles se prononçaient à haute voix. Lorsque la tonnara était installée, le raïs adressait des prières aux saints pour que les thons viennen

C'est alors un spectacle inoubliable, sous le ciel bleu et sur l'eau indigo de la Méditerranée, que de voir les pêcheurs qui entourent la chambre de mort relever lentement les filets qui en tapissent le fond et les côtés. Les thons, énormes, de 50 à 300 kilos, se débattent, filent comme des flèches, sautent et se trouvent bientôt à peine à 1 mètre d'eau.

Alors commence le massacre.
Le quadrilatère formé par les bateaux se réduit très vite. Les thons commencent sérieusement à s’agiter, laissant apparaître leurs nageoires dorsales.
Armés de crocs, d'anspects, de harpons, les pêcheurs excités, poussant des hurlements, harponnent les thons et les tuent à bord de leurs pontons. L'eau bouillonne, devient rouge du sang des victimes qui, accrochées, sont tirées par plusieurs hommes sous les éclaboussements, et assommés dans les barques.

Cette opération nécessite beaucoup de prudence car un seul coup de queue suffit à tuer un homme. Les pêcheurs situés auparavant sur la mosciara viennent leur prêter main forte. Malgré les secousses provoquées par l’agonie des thons, tous se déplacent d’une barque à l’autre avec une incroyable aisance. La mattanza s’effectue sous le paroxysme de l’excitation, au milieu de jets d’écume et de sang.

Au bout d'une heure, tous les thons ont été achevés et entreposés sur le vascello. Recouverts d’une toile blanche, ils sont ramenés immédiatement à l’embarcadère de l’établissement thonier.
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